Activité physique adaptée et cancer : évaluer, accompagner et individualiser le suivi

L’importance de l’APA dans la prise en charge du cancer

Dans cet article issu d’un webinaire inspirant animé par Barbara Manivet, trois professionnelles partagent leur expérience autour d’un même objectif : accompagner l’activité physique des personnes atteintes de cancer.

Nos invitées :

Roxanne Lavoie

Kinésiologue à la Fondation québécoise du cancer, Roxanne accompagne les patients à toutes les étapes de la maladie, du traitement à la rémission.

https://fqc.qc.ca/fr

Caroline Dandel

Infirmière libérale en France et diplômée en hypnose, Caroline a été amenée à prodiguer des soins et traitement de chimiothérapie à domicile et utilise l’hypnose pour apporter plus de confort à ses patients en situation de stress. Caroline a fondé l’équipe des Roses Libres, qui participera à l’événement du Rose Trek dédié à la cause du cancer du sein, au printemps 2024. 

https://www.facebook.com/lesroseslibres

Elisa Marin-Couture, Ph.D.

Lors de son doctorat en kinésiologie à l’Université Laval, les travaux de recherche d’Elisa ont porté sur l’impact favorable de la pratique de l’activité physique sur la santé de différentes populations. Elle est actuellement impliquée à titre de kinésiologue dans un projet visant l’amélioration de la santé et du bien-être de femmes ayant eu un cancer du sein.

À l’occasion d’Octobre Rose, ce webinaire met à l’honneur les femmes et rappelle un message essentiel :

L’activité physique est toujours bénéfique.
Même lorsqu’elle devient plus difficile, notamment pendant les traitements, elle reste un levier puissant de santé, de mieux-être et de reprise de confiance.

Cet article reprend les grands enseignements du webinaire, avec des conseils concrets pour les kinésithérapeutes, kinésiologues et professionnels du sport-santé souhaitant mieux accompagner leurs patientes.

Les bienfaits de l’activité physique pendant et après un cancer

Même si la fatigue, les effets secondaires ou la peur du mouvement peuvent décourager, bouger reste essentiel à chaque étape : avant une opération, pendant un traitement, en période de rémission et après la guérison.

Les bénéfices sont nombreux :

  • meilleure densité osseuse et prévention des fractures ;

  • réduction de la fatigue et de l’anxiété ;

  • amélioration du sommeil et de la récupération ;

  • maintien de la mobilité articulaire et de l’autonomie ;

  • prévention des rechutes et soutien de la santé cardiovasculaire.

Pour les patientes, l’activité physique devient un moyen concret de reprendre le contrôle sur leur santé, de se réapproprier leur corps et de retrouver une dynamique positive.

La posture du professionnel : bienveillance et écoute avant tout

Accompagner une personne atteinte de cancer exige une posture adaptée, humaine et empathique.
Nos invitées ont toutes insisté sur l’importance de :

  • Créer une relation de confiance, en prenant le temps d’écouter et d’adapter son langage ;

  • Adopter un discours positif, sans jugement, pour valoriser les petits progrès ;

  • Normaliser la fatigue, pour rassurer le patient et éviter la culpabilité ;

  • Faire preuve d’empathie, avec un sourire, une attention sincère, et une écoute active.

Le professionnel devient souvent un repère émotionnel dans le parcours du patient : il aide à verbaliser les difficultés, à retrouver confiance et à redonner du sens à la reprise d’activité.

Gérer les émotions : le rôle du professionnel face aux mauvaises nouvelles

L’accompagnement en oncologie confronte parfois à des situations émotionnellement lourdes.
Nos intervenantes rappellent qu’il est important pour les professionnels de :

  • reconnaître leurs propres limites,

  • préserver leur équilibre personnel,

  • et échanger entre pairs pour partager leur vécu.

« Il faut se protéger pour continuer à être bienveillant avec les autres », souligne Roxanne Lavoie.

Adapter la première rencontre et la progression

Lors de la première prise en charge, l’objectif est d’instaurer un climat de sécurité et de plaisir :

  • comprendre les attentes du patient ;

  • fixer des objectifs réalistes ;

  • avancer progressivement ;

  • bannir toute idée de performance.

👉 Pour les personnes très actives avant la maladie, il faut réapprendre à ralentir.
👉 Pour les personnes sédentaires, l’enjeu est de remettre le corps en mouvement dès que possible, sous supervision médicale.

Chaque séance devient un moment de bien-être et de motivation, loin de la logique de performance.

L’importance de la coordination interdisciplinaire

Les approches diffèrent entre la France et le Québec, mais l’idée commune est claire : le mouvement doit faire partie intégrante du parcours de soins.

Au Québec, la collaboration entre kinésiologues, médecins et infirmières pivots est bien ancrée.
En France, cette coordination se développe progressivement, notamment avec les dispositifs de sport sur ordonnance et les initiatives locales comme la Fondation Ruban Rose.

Les professionnelles s’accordent sur un point : plus la communication entre intervenants est fluide, meilleure est la qualité du suivi et la sécurité des patients.

Quand alerter l’équipe médicale ?

Le professionnel de l’activité physique doit savoir identifier les signes d’alerte :

  • apparition de douleurs inhabituelles ;

  • gonflement du bras (lymphœdème) ;

  • nausées ou vomissements persistants ;

  • fréquence cardiaque ou tension anormalement élevées.

En cas de doute, il est essentiel de communiquer rapidement avec l’équipe médicale pour ajuster la prise en charge.

L’apport des outils numériques

Les outils digitaux comme Hexfit permettent de :

  • consigner les données et observations importantes ;

  • suivre l’évolution du patient ;

  • maintenir un lien continu entre les séances ;

  • partager les informations avec les autres professionnels de santé.

Cette centralisation facilite la coordination des soins et renforce la sécurité du suivi.

Conclusion et accès au webinaire

Accompagner des personnes atteintes de cancer par l’activité physique, c’est avant tout redonner confiance et favoriser l’autonomie. Grâce à une posture bienveillante, une coordination interdisciplinaire et des outils adaptés, chaque professionnel peut contribuer à améliorer la qualité de vie de ses patients.

➡️ Regardez le webinaire complet ci-dessous pour découvrir l’intégralité des échanges, témoignages et démonstrations partagées par nos invitées à l’occasion d’Octobre Rose.

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